Odeyssa DENIS, , Publié le 25 mars 2024
Parlement du Sport : un second Colloque sur les équipements sportifs
A la manette de ce deuxième colloque du Parlement du Sport dédié aux équipements sportifs, Vincent SAULNIER a animé 3h00 d’échanges riches et inspirant en présence d’une vingtaine de témoins reconnus pour leur expertise du sujet. Ces échanges feront l’objet d’une contribution à la loi héritage promise par la Ministre d’ici la fin de l’année 2024.
Après une introduction générale des deux parlementaire Jean-Jacques LOZAC’H et Belkhir BELHADDAD sur les enjeux entourant les équipements, la Ministre des Sports et des JOP a rappelé l’engagement du Gouvernement sur le sujet depuis 2017 : 1 milliard d’euros sont annoncés.
Pour l’ANDES, c’est une première étape notable, dont l’augmentation des crédits sur la période est à saluer. En regardant plus en détail, ce constat est néanmoins à nuancer : les équipements structurants sont délaissés alors même que les collectivités – qui en sont propriétaires à 80% – font face à un mur d’investissements lié à leur rénovation.
Cela étant, la première table-ronde était dédiée à la programmation pluriannuelle des équipements sportifs structurants locaux ; tandis que la seconde proposait une plongée stratégique dans la thématique piscine. Pour retrouver ces échanges, nous vous proposons un replay audio de ces échanges.
En matière d’équipements, nous voulons devenir une grande nation sportive. Cela ne se fera pas sans équipements sportifs à la hauteur. C’est pourquoi l’Etat a fourni un effort inédit en matière d’équipements sportifs.
Depuis 2017 :
58% des équipements du plan 5 000 en zone rural carencé, 24% en QPV, 4% en OM. Donc, les zones carencées ont bénéficié de 80% de l’enveloppe.
« Le maitre mot : la mutualisation des équipements, notamment des équipements scolaires, et l’optimisation des créneaux. Nous accélérerons les synergies avec ces équipements scolaires pour mieux appréhender l’héritage post-JOP et l’accueil des nouveaux pratiquants. »
Nous sommes allés au-delà de l’objectif de 3M de nouveaux pratiquants ; 3,6M à ce jour selon la Ministre.
En tant que Grand Témoin, Agnès a pu présenter le baromètre USC de la Commande Publique.
Table ronde 1 : Vers une loi de programmation pluriannuelle des équipements sportifs ?
David Lazarus nuance le seul investissement des communes et souligne le rôle de toutes les collectivités, notamment des soutiens de des départements et régions. Finalement « l’Etat est loin d’être majoritaire dans le tour de table des financeurs. »
Si le plan 5000 équipements est une réussite, cet objectif ne suffit pas. Il est nécessaire de remédier à l’absence de politique nationale d’envergure en faveur des équipements structurants locaux, ainsi que sortir des critères géographiques trop limitants.
Yohan Penel ouvre la réflexion à la programmation globale des équipements : « Des équipements sportifs, pour quoi faire ? » Aujourd’hui, un équipement sportif ne peut pas se résumer au plateau de jeux sportifs. Il faut penser à tous les espaces de vie autour. Il faut bien cibler la destination et la manière de pratiquer, l’orientation vers des tiers lieux (restauration, culture, …) est intéressante afin de créer des véritables lieux de vie.
Régis Juanico est intervenu sur l’enjeu du design actif pour se réapproprier l’espace public, dans l’objectif d’inciter à l’acitivité physique de manière libre et spontanée. Dans ce cadre, il est nécessaire de placer la pratique sportive au sein des documents d’urbanisme. Pour ce faire, il faut explorer plusieurs pistes, du réaménagement des abords des écoles au crédit d’impôt pour les PME afin de faciliter leurs investissements dans le matériel sportif, les petits équipements et les espaces d’hygiène tels que les douches.
Jean Paul Omeyer pointe la diversification des pratiques, qui doit impacter et réorienter nos ambitions. L’objectif premier réside dans la rénovation énergétique, tout en intégrant le projet d’équipement sportif au cœur des politiques publiques d’aménagement du territoire. Dans ce cadre, il est nécessaire de mobiliser les fonds existants, parfois méconnus, via les politiques territoriales tout en veillant à diversifier les sources de financements (cf. loi Braillard).
Guillaume Légaut part du constat partagé par tous de l’insuffisance du nombre d’équipements, leur disparité géographique et leur vieillissement. Ainsi, il est proposé d’optimiser les financements en intégrant la logique de service public du sport. C’est en ce sens que travaille l’UCPA, avec 4 axes : orienter le foncier en faveur de l’urbanisation sportive, prioriser l’effet de levier en apportant des fonds propres, réduire les coûts à travers les garanties publiques, soutenir l’innovation des opérateurs privés.
Sebastien Nolesini porte, à travers la fédération française du Judo une orientation vers des bassins de vie où la pratique était moins présente, mais en présence d’acteurs associatifs volontaires. Cette politique porte ses fruits avec déjà 200 dojos réalisés (pour un objectif de 1 000), et surtout 10 000 nouveaux licenciés.
Initialement situés au cœur des QPV, ces dojos se sont transformés en tiers lieux, avec des activités en faveur des pratiquants, de l’aide aux devoirs… « C’est là que se trouve le véritable enjeu du sport au cœur de la société ».
En réponse aux questions de la salle, Régis Juanico indique que la baisse de la pratique sportive au cours de la vie débute dès l’école primaire. En ce sens, l’intégration de réalisations incitatives en cœur de ville (design actif, …) est un levier à intensifier. Par ailleurs, les emplois du temps des étudiants doivent être revus pour dédier a minima une (demi-)journée par semaine à la pratique sportive. Yohan Penel complète ce propos en précisant que pour développer la culture sportive, il est nécessaire de bien mieux intégrer au sein des politiques d’enseignement supérieur la création d’équipements sportifs.
Nicolas Ferrand a rappelé que les Jeux sont un formidable accélérateur. Nous avons gagné 10 ans dans notre manière de penser les équipements. On a construit dans les temps, dans les budgets, et on a construit mieux. Nos équipements sont pensés pour vivre dans un climat à horizon 2050, sans contraindre la pratique.
Table ronde 2 : Plongée stratégique au cœurs des politiques publiques aquatiques
Rémi DHUALLIN souligne la nécessité d’une base de données fiable et complète autour de Data ES. Désormais, cette plateforme permet de dessiner (gratuitement et en open data) des « portraits de territoires ».
Michel Savin souligne la nécessité de redresser la barre en faveur des équipements. L’illustration est faite vis-à-vis de la récente baisse de 10M€ à seulement 2,5M€ en faveur des cours d’écoles actives et sportive du Plan Génération 2024. Au contraire, il nous faut un véritable plan Marshall autour de la question centrales des équipements structurants locaux, notamment les piscines.
Au-delà, on observe aujourd’hui plus de piscines fermer qu’ouvrir. Une proposition pourrait être faite, par le MSJOP, pour une véritable Plan Piscine en mettant tous les acteurs, tous les financeurs autour de la table.
Basile Gazeaud pointe la carence en surface aquatique : entre 250 et 300 EPCI n’ont toujours pas de piscine sur leur territoire, et ne sont donc pas en capacité d’offrir l’accès au savoir fondamental d’apprentissage de la natation.
En investissant sur la couverture ou l’annualisation des bassins existants, nous pouvons répondre à un premier besoin essentiel. Cependant, il n’est plus possible de soutenir l’investissement en faveur des piscines via l’AnS dans certaines régions à cause des crédits territorialisés, ne laissant qu’une enveloppe minime en local.
Enfin, face aux crises successives qu’a pu connaître le secteur, il est urgent de retrouver le sens du service public dans l’accès à la natation.
Pour la co-Présidente, il existe un réel enjeu à relancer les centres de vacances à la neige, qui bénéficiaient à une tranche de la population jeune qui n’y avait pas accès par ailleurs. L’enjeux des équipements sportifs est à prioriser dans les QPV, souvent plus carencés.
Par ailleurs, ces dernières années, on a vu la fermeture successive des Centres Médicaux Sportifs, pourtant essentiels, notamment dans les quartiers. Nous devons repenser tout cela. Au-delà, les équipements doivent être créés et pensés comme des lieux de pratiques et vecteurs de liens sociaux.
L’accès au sport doit être un droit car, aujourd’hui, il est le reflet des inégalités de la société. Par ailleurs, « à force de faire en sorte que tous les équipements soient privés, on sera privé de tout ».
Frédéric Sanaur a rappelé l’enjeu de la diversification des équipements et des pratiques. Les mobilités douces doivent également être intégrées aux logiques de développement des pratiques puisque responsables de l’immense majorité de l’empreinte carbone du sport.
Le plan pluriannuel permet de la cohérence et de la coordination des acteurs locaux, pour des projets structurants sur le plus long terme. Il faut intensifier et poursuivre cette logique.
Pour porter un Plan Marshall, il faut s’unir tous ensemble pour travailler des propositions partagées. Pour cela, rassemblons-nous autour d’une table et parlons-en.
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